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écrits poétiques

 

 

Il y avait d’abord eu l’éclat

Un jus de lumière dense jailli derrière les sommets 

Avant l’aube

L’aveu d’un monde secret 

Nos souffles courts sur le glacier aux membres lisses

Glisser vers le haut, terre promise

Dans le silence gravir  

Aux épaules le sac est lourd

La neige scintille, appelle et grise

Si doux, ce linceul qui pourfend tous les mots

Les choucas ont disparu

 

Les parois abrasives de cendre de rouille 

Pourraient se refermer sur nous 

Nous serions broyés, charpie de chairs 

 

La première rafale me gifle

Le ciel ramasse sa colère bouffit sa rage 

Sous nos pieds une extase se dérobe 

Je dérape je glisse vers le bas 

La montagne tousse et crache, vomit un grésil froid 

Les tourbillons enflent, fouettent l'air opaque 

Je ne vois plus le sommet 

Je ne le vois plus

Je sens sa force, aimant répulsif

Son fer offusqué qui refuse l'étreinte

Je dévale, le sol se fend s'ouvre béant

 

Un instant à l'aube j'ai vu l'or soustrait aux regards des vivants

 

 

Avril 2024

 

Dans l’aube poussiéreuse 

De fins grelots

C’est un message rythmé

Un message crypté, sans voix

J’écoute, paupières closes

Pas loin, les bêtes piétinent l’herbe froide

Le poil rêche sur leurs corps tièdes

La première lueur dore les reliquats de neige 

L’enclos est vaste mais c’est un enclos

Je ne tente pas de saisir ce message

C’est une transcription des mots tus

Tous ceux que nous avons avalés et avalerons encore

Qui trouvent leur chemin ailleurs 

Dans la brume sans corps

Sous les travées forestières

Sur les pentes rocheuses

 

J’aime te savoir pas loin

Occupé à autre chose

Ta vie ton travail 

 

J’aime te savoir pas loin

Tes bras ton ventre tes fesses pleines

Ta bouche, tes dents, ta salive juteuse

 

Le ciel se marbre d’une unique veinule

Je bouge un orteil, le monde se cabre

2 janvier 2024

À la surface du soleil, 6000 degrés environ

Tu crépites 

Mes épidermes se plaquent contre ta chair encore fiévreuse 

Tu me repousses, tu gardes jalousement tes miasmes

Un flot murmuré de mes lèvres à ton cou

Ce sont des mots confus, sans structure

Mais ce sont ceux qui demandent à se glisser dans nos souffles 

J’ai toujours été là 

Je suis là depuis des siècles 

Ma tête blottie entre ton poitrail et ton menton

Je m’enroule un peu plus serré autour de toi

14 janvier 2024

Leurs haleines mêlées dans de lents baisers pudiques

Avaient allumé un brasier

Que le souffle de l'aube raviva

Faisant imploser chaudière et conduites de l'immeuble

Ils s'enlacèrent

Les chants des oiseaux étiraient le ciel

À jeudi, dit-elle

4 mars 2024

Tu disperses sur mon cœur des émotions vives

Un petit essaim bourdonnant qui me suit partout

L’entrelac de tes bras au matin pluvieux M’imprègne

Comme un tatouage sacré

De ceux qu’un moine au visage grave

Exécute avec de fines aiguilles

Au milieu d’une forêt primaire

Dans une cabane connue seulement des initiés

15 mars 2024

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