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Cette feuille de menthe entre les lèvres


Cher Theus,

Parfois je suis un souffle sur le pelage des chamois, ou la lumière déclinante sur les conifères. Le filet d’eau qui zigzague entre les herbes ou le cri de la marmotte qui appelle ses petits. J’ai appris à être l’invisible, à chuchoter à l’oreille des écureuils, à caresser les joues des enfants pendant la récréation et à fouetter le sang des championnes les jours de compétition. J’ai appris à flotter dans cet éther. À m’enrouler dans les souvenirs comme dans une laine chaude, puis à remonter en flèche vers une autre matière qui ne se palpe ni ne se nomme.

Je suis là. Je renoue aujourd'hui ce lien qui ne peut être coupé, juste se distendre. Je sais que le printemps t'a rendu la légèreté, je t'ai vu rire avec une femme à la bouche appétissante, un fruit rouge, j'ai senti l'air vibrer et onduler entre vous. Je suis là, sans envie ni attente. Mon coeur se raffermit. Et je crois que tu peux entrevoir entre nous une forme d'amitié sans âge. Sans désir.

L'orage m'a surprise ce soir et je suis rentrée trempée à l'appartement. J'avais envie de me rouler dans une prairie humide et de manger de l'herbe à pleine bouche. Me relever avec des auréoles de boue aux coudes et aux genoux. Je me sens en paix pour la première fois depuis longtemps.

Ada

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